
Dans la continuité de notre engagement pour la transmission, nous poursuivons l’édition en ligne des anciens articles de notre revue L’Olivier. Parmi ces archives précieuses, certains textes éclairent particulièrement l’Esprit du Rite Écossais Ancien Accepté, en révélant la richesse symbolique, spirituelle et fraternelle qui le traverse. Témoins d’une pensée féconde et d’une quête constante de lumière, ces écrits retrouvent aujourd’hui leur place, accessibles à tous ceux qui cherchent à nourrir leur réflexion maçonnique, spirituelle et humaine.
Le texte que nous présentons ici s’attache à dévoiler, avec profondeur et sensibilité, l’Esprit du Rite Écossais Ancien Accepté tel qu’il est vécu et cultivé au sein du G.O.T.M. Entre récit historique, portée symbolique et tonalité vibrante, il met en lumière la richesse de ses sources, l’intensité de son imaginaire, la joie initiatique qu’il offre, et l’harmonie des valeurs qu’il incarne.
L’Esprit du R.E.A.A. : Origines, Harmonie et Bonheur
Chacun sait que dans son histoire, ses origines, ses tenants et ses aboutissants, le Rite Écossais Ancien Accepté (R.E.A.A.) est manifestement un Rite de Hauts Grades. Une de ses particularités est d’ailleurs que dans ses trois premiers, il n’a jamais été « déposé » par une quelconque autorité, sauf par le G.O.D.F., au moment où nous avons fait adopter le rituel que nous avions écrit en 1992 pour la création de la R.L. Adonhiram. Auparavant, le R.E.A.A. n’existait qu’à partir du 4ème Degré, les Degrés de 4 à 33 ayant en effet été officialisés en 1801 lors de l’annonce de la création à Charleston du Suprême Conseil de la Juridiction Sud des États-Unis, premier Suprême Conseil du monde, suivi par celui de France en 1804 et celui d’Italie en 1805.
L’Esprit du Rite tient au vaste rassemblement de ce qu’était épars dans les initiations de tous les temps et de toutes les civilisations. C’est en ce sens qu’on peut dire que le R.E.A.A. était « le Panthéon des initiations disparues ». Notre travail aura pour but que cela devienne celui des Initiés à venir.
Ramsey, le célèbre chevalier Ramsey dont chacun sait que le Discours de 1736 a établi les bases fondatrices du Rite, insistait sur les nobles objectifs qu’il assignait déjà au REAA, je cite : « La philanthropie sage, la morale pure, le secret inviolable et le goût des beaux-arts …/… Nous voulons réunir tous les hommes d’un goût sublime et d’une humeur agréable par l’amour des beaux-arts, où l’ambition devient une vertu, où l’intérêt de la confrérie est celui du genre humain entier, où toutes les nations peuvent puiser les connaissances solides et où les sujets de tous les différents royaumes peuvent conspirer sans jalousie, vivre sans discorde et se chérir mutuellement. Sans renoncer à leurs principes, nous bannissons de nos lois toutes disputes qui peuvent altérer la tranquillité de l’esprit, la douceur des mœurs, les sentiments tendres, la joie raisonnable et cette harmonie parfaite qui ne se trouve que dans le retranchement de tous les excès indécents et de toutes les passions discordantes ».
Sans dévoiler d’indicibles secrets, je voudrais seulement vous citer un très court passage du Rituel de Chevalier Rose+Croix :
« Le demandeur : Mon Frère, êtes, vous Chevalier rose+Croix ?
Le répondant : J’ai ce Bonheur »
Si on se sent aussi bien dans le REAA, je crois que c’est essentiellement grâce au Bonheur que ce Rite procure et à la capacité qu’il a de générer la Bonté et la Joie autour de soi.
Cela ne veut pas dire que l’on s’amuse tous les soirs, le travail reste le travail et il faut rester sérieux avec les sujets de cette importance car il ne s’agit rien de moins que de réussir sa vie. D’un autre côté, les Frères restent les Frères et illustrent parfaitement, parfois de façon assez paradoxale, dans l’assemblée de Frères, la quasi-boutade de JP Sartre : « L’enfer, c’est les autres ».
Il n’empêche que l’atmosphère du Rite est chaude, musicale, harmonieuse, les couleurs vives, sensuelles et gaies, l’ambiance tonique, chamarrée, exotique, les rythmes pétillants, exubérants, méditerranéens, les tonalités odoriférantes, plurielles, métisses, l’environnement multiculturel, romantique, presque baroque. En bref, un Rite complètement épanouissant, fortifiant et… initiant !
Le REAA, fabrique de merveilles et d’imaginaires
LE REAA a un petit côté Indiana Jones et les Aventuriers de l’Arche Perdue. C’est un Rite qui parle en mythes, et en cela, c’est un fantastique moteur producteur d’imaginaire. On pourrait en tirer une BD ou un dessin animé à succès avec Super-Initié dans le rôle du héros ; et en cela, il ravit de « merveilleux » les rêves des enfants que nous sommes et qu’il faut impérativement que nous demeurions si nous voulons avoir un jour sur l’humanité les yeux d’Alice pour son pays des Merveilles ou de Tamino pour la Flûte Enchantée. Rappelons au passage cette belle pensée adaptée de Jules Verne : « Ce qu’un homme a rêvé une nuit, un autre homme le fera un jour ».
Le R.E.A.A. est un Rite heureux. Et c’est vraisemblablement ce qui a fait son succès dans la morosité ambiante.
À foi constante, en fonction de sa propre sensibilité, on peut se sentir mieux sous les ogives cisterciennes de Sénanque que dans l’Église Saint Marc de Venise, dans les cloitres de Saint Thomas d’Aquin ou dans l’abbaye de Thélème, dans la crypte de Saint Victor à Marseille ou la Sagrada Famiglia à Barcelone.
Force est de reconnaitre qu’il n’est pas possible de n’attribuer au REAA qu’un seul qualificatif, qu’une seule couleur ou qu’une seule dominante. Par ses sources et l’histoire même de son élaboration en mosaïque, il est le véhicule de beaucoup de traditions très diverses : Alchimie, Gnose, Templarisme, Hérmétisme, Chamanisme, Rosicrucisme…
Autant d’inspirations auxquelles il entend donner une aspiration, une respiration et une destination communes. On ne pourra jamais éluder le caractère irisé du REAA, ses flamboyances et ses chatoiements. Dans une mosaïque, chaque carreau garde sa forme, sa couleur et son identité. Il faut s’en reculer pour voir apparaître le dessin et le dessein communs.
Les Visages Pluriels du REAA
Le R.E.A.A. est rapidement élitiste, autant dans sa façon de recruter ses justiciers pour châtier le crime que d’enrôler ses architectes pour achever les Temples.
Le R.E.A.A. est promptement nobiliaire pour s’attirer les savants indiscutablement nobélisables susceptibles de relier le fini à l’infini. C’est dire qu’il rassemble des privilégiés qui ont compris l’impérieuse nécessité de toujours penser grand, de faire élevé et de donner généreux. Au sens premier et fort, être privilégié, c’est se donner une loi privée, une Règle consentie, comme celle qui nous est proposée au G.O.T.M.
Le R.E.A.A. est foncièrement chevaleresque lorsqu’il s’agit d’établir des liens secrets et puissants entre l’Orient et l’Occident ; on remarque ici que l’on parle de Chevalerie avec le R.E.R. et de Chevaleresque avec le R.E.A.A. À mon sens, c’est à peu près la différence qui existe, dans nos inconscients collectifs entre Lancelot du Lac avec son amour pour Guenièvre… et Cyrano de Bergerac avec sa passion pour Roxane. L’amour courtois y est de mise, mais dans un cas, on vit dans un sermon frigide scarifiant et flagellant, dans l’autre on tragicomédise dans un roman truculent de cape et ripaillant d’épée. Pas tout à fait la même façon d’envisager l’amour, même courtoisement, car à la fin de l’envoi, c’est Cyrano qui est touchant.
Le R.E.A.A. est éminemment christique quand il libère le mythe de Jésus des dogmatismes et oppressions évènementielles des Églises, Chapelles et Couvents. Pour le ressentir, allez donc faire un tour à Jérusalem maintenant.
Le R.E.A.A. est puissamment politique quand il conditionne l’avancement de l’Initié à l’installation de systèmes et de lois garantissant l’Égalité, l’Équité, la Liberté, le juste accès au droit de travailler, la protection contre l’abus de pouvoir et la condamnation de l’intolérance.
Le R.E.A.A. est réellement universel dans l’espace et une passerelle dans le temps quand il reprend à son compte la Sagesse Bouddhique sur l’harmonie des contraires et une patience toute confucéenne pour construire la paix sociale par l’effort de chacun sur soi-même.
Le R.E.A.A. est historiquement kantien quand, au nom du Devoir, il récupère la sagesse templière.
Il est savamment philosophique quand il synthétise religion, philosophie et science. Ce qu’aucune civilisation n’a su réellement réussir, si l’on excepte bien sûr le Celtisme…
Le R.E.A.A. est astucieusement concret quand il propose le dépassement de soi-même par le passage à l’acte.
Il est authentiquement et traditionnellement aristocratique quand il rassemble au final en une Invincible Armada, les pouvoirs Sacerdotal, royal et prophétique contre les force du Mal et les faiblesses cause de tous les mots.
De toutes les politiques, de toutes les métaphysiques, de toutes les éthiques, de toutes les esthétiques qu’il a apprises ou comprises au cours de ses recherche, l’Initié au REAA retire l’idée que la Vérité sur le principe créateur est à chercher dans l’Homme et les Civilisations qu’il a inventées, y compris avec leurs rois, leurs Prophètes et leurs Dieux.
Le GADLU est un concept assez opérationnel pour les dépasser tous. Pas les surpasser mais aller au-delà.
Les Trois Cercles de l’Initiation Écossaise
Tout au long du déroulement des Rituels aux différents degrés, de nombreuses qualités auront été progressivement requises pour poursuivre le chemin, toutes les vertus rassemblées dans la trilogie : Sagesse, Force et Beauté.
Au-delà de ces trois qualités dont le Rite Écossais Ancien Accepté a fait don à la Maçonnerie Traditionnelle Universelle, s’il fallait maintenant spécifier ce Rite en cinq verbes d’action et cinq fondamentaux, j’oserais ceux-ci :
- Devoir, Pouvoir, Savoir, Oser, Se taire.
- Travail, Harmonie, Amour, Équité, Aristocratie.
L’initiation serait ainsi atteinte et consommée en trois cercles enlacés :
- Le cercle de la Connaissance
- Le cercle de l’Amour
- Le cercle de l’Action
Rituels et valeurs : la structure invisible de la Loge
Pour aller plus loin dans la compréhension du cadre rituel qui donne tout son sens au Rite Écossais Ancien Accepté, nous vous invitons à consulter nos pages dédiées aux valeurs et rituels maçonniques. Vous y trouverez les fondements symboliques et pratiques qui structurent la vie en loge et accompagnent chaque étape du chemin initiatique.
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